Revue de Presse
La voie d'un maître
Par Jean-François DOUCHE


Article paru dans Aikido Magazine n°4
de janvier, février et mars 1985

Maître SAOTOME était en France en novembre dernier ; plus de 1200 aïkidokas se sont déplacés pour participer aux trois stages organisés par la Fédération, sous sa direction à Nancy, Rennes et Paris. Ce fut l'occasion pour chacun des participants d'avoir la chance de pratiquer, avec l'un des plus fidèles élèves du fondateur de l'Aïkido.

Maître SAOTOME débuta les arts martiaux par le Judo, avant de découvrir un jour l'Aïkido qui, même au Japon, n'était pas populaire. C'est par l'intermédiaire de Maître YAMAGUCHI, qui à cette époque ne cessait de faire des démonstrations dans tout le Japon, afin de faire connaître la discipline créée par O Sensei, que le jeune SAOTOME a le coup de foudre pour ce nouvel art martial, si différent des autres. Maître YAMAGUCHI le présente alors au Dojo de WAKAMATSU-CHO. Les élèves ne s'y bousculent pas encore et il n'est pas rare qu'O Sensei fasse le cours pour dix élèves et même moins. Pendant les quatre premières années, le jeune SAOTOME suit les cours, sans vivre au Dojo. Il le souhaite ardemment pourtant, mais le Dojo est tellement pauvre qu'il ne peut nourrir qu'un nombre restreint d'UCHIDESHI (élève pensionnaire). Enfin, il peut entrer comme élèves à « temps complet »; l'expression s'applique là parfaitement. Ce n'est pas seulement cinq ou six heures d'entraînement par jour, mais également le nettoyage du Dojo, toutes tâches ménagères, courses diverses, bref, une attention de tous les instants. C'est 24 heures sur 24 que les élèves vivent avec le maître. L'enseignement va bien au-delà de la technique: ce qui a frappé tous ceux qui ont connu O Sensei, c'est l'extraordinaire charisme et bonté qui s'en dégageaient. A voir vivre cet homme, on comprenait dit Maître SAOTOME, qu'il avait subi de grandes épreuves et qu'il avait beaucoup souffert.
C'est cette souffrance qui lui avait apporté une fantastique perception des choses et des gens.
Si la vie au Dojo était parfois lassante, la présence de O Sensei suffisait à enrichir leur existence. Il leur apprenait à modeler leur personnalité. Maître SAOTOME se souvient de cette délicatesse qui émanait de lui en nous citant cette petite anecdote : « Parfois il entrait brusquement dans la pièce des uchideshi. Si certains étaient en train de fumer, immédiatement ils écrasaient leur cigarette. O Sensei les arrêtait dans leur geste et leur en demandait une. Il s'asseyait alors parmi nous, et tentait de fumer; mais comme il n'en avait pas l'habitude, il se contentait de souffler la fumée à toute vitesse. Cette faculté d'adaptation dont il nous faisait la démonstration sur le tapis, il l'exprimait aussi dans les petits épisodes de la vie quotidienne ».
Cette simplicité, Maître SAOTOME en a hérité en même temps que de la merveilleuse technique dont tous les participants aux stages ont été témoins. Simplicité, mais également une grande conscience de la mission dont il se sent investi : transmettre au monde le message de paix d'O Sensei. Les nombreux pratiquants qui s'étaient rassemblés autour de lui ont pu percevoir cette dimension qui fait de Maître SAOTOME un authentique disciple de MORIHENI UESHIBA.
Ceux qui ont été sensibles à cette manière de concevoir l'Aïkido auront l'occasion de l'approfondir en lisant le premier livre de Maître SAOTOME qui sera publié à partir du mois de Janvier. Il ne s'agit pas d'un ouvrage à caractère technique car tous les pratiquants le savent, ce n'est pas dans un livre que l'on apprend la technique de l'Aïkido. Le but de Maître SAOTOME a été d'essayer de transmettre le message du Fondateur tel qu'il l'a perçu à travers son enseignement, ses poèmes, ses écrits. Cet ouvrage veut situer l'Aïkido et les Arts Martiaux dans une perspective universelle et même cosmique. On y trouve également de nombreux poèmes d'O Sensei.
Il s'intitule : « Nature et Harmonie » et sera édité par la S.E.D.I.R.E.P. Souhaitons à cet ouvrage le succès qu'il mérite.
Jean-François DOUCHE

Merci à Saotome Sensei, à Aikido Magazine et Jean-François Douche pour leur autorisation à reprendre ce texte.


Merci enfin à Marie-Hélène
pour son aide à la saisie de ce texte.

Retour au Salon
Retour à la Revue de presse
Retour aux Archives d'Aikido Magazine