L'art de vivre
des Shoguns
Par D. MORI


Extrait d'AIKIDO MAGAZINE N° 5 Avril - Mai - Juin 1985

nous rappelle ce petit historique, écrit dans les années 80, à l'occasion d'une exposition à l'espace Cardin sur l'art de vivre des grandes familles militaires du Japon de l'ère TOKUGAWA.

Aikido Magazine N°5
Avril Mai Juin 1985
Trimestriel édité par l'AIA
(Association
de l'Information
de l'Aikido)
Dépot légal :
2ème trimestre 1985
(...) L'ère des TOKUGAWA doit son nom à la dynastie des Shoguns qui exerça le pouvoir de 1603 à 1868. Le titre de Shogun signifiait, à l'origine, « Généralissime » mais au 12e siècle, il pris le sens de chef du gouvernement civil et militaire. L'empereur, « déchargé » des contraintes terrestres, ne conservait de pouvoir que celui de sa charge divine en tant que descendant de la déesse solaire Amaterasu.

Après la sombre période des guerres civiles des 15e et 16e siècle, le Japon fut réunifié par les « trois capitaines » mandés pour rétablir l'ordre au nom de l'empereur. L'un d'eux Tokugawa Ieyasu, brillant stratège et rusé politicien, (le Toranaga du film Shogun) réussit à contenir les seigneurs sous sa seule autorité. Nommé Shogun en 1603, installé à Edo (Tokyo) il procéda à une redistribution des fiefs, assujettit les féodaux à une stricte discipline et édicta de nombreuses lois concernant les us et coutumes des samouraïs.

Pour éviter que le pays ne retombe dans la dissidence ou l'anarchie, ses successeurs isolèrent le Japon du reste du monde. Sans influence pernicieuse de l'extérieur, le Japon va vivre en vase clos pendant 206 ans, perfectionnant son génie propre sous une surveillance sévère et constante du pouvoir Tokugawa. Mais ce fut une période de paix, une longue transition entre l'âge médiéval et les temps modernes.
Les samouraïs vont oublier la guerre, mais jamais l'entraînement du corps et de l'esprit. De nombreux maîtres vont ouvrir des écoles spécialisant leur enseignement dans une technique, le sabre, la lance, l'arc..., de nombreux samouraïs sans attache (les Ronins) vont parcourir le pays en quête de savoir. Beaucoup sont de confession Bouddhique et particulièrement de la secte Zen.
Au travail corporel et technique, ils associeront étroitement la recherche mentale et la méditation. L'art du thé, celui de la calligraphie seront autant de recherche pour l'élévation de l'esprit sans oublier les compositions florales ou le humage des parfums.
Au palais Shogunal du Edo comme dans les Maisons Tokugawa, on est tenu de montrer l'exemple mais avec faste (dont certain abuseront). Les cérémonies du Thé, des Parfums, des Fleurs, les représentations de théâtre chevaleresque, le Noh seront indispensables à toutes réceptions. Arts d'expression Japonais, ils équilibrent les compositions picturales chinoises à l'encre de chine, les objets de bronze ou les sabres exposés dans la plus grande sobriété comme le voulait l'étiquette.
La sensibilité, la délicatesse de la vie non officielle se retrouvent dans les appartements privés et surtout dans ceux des femmes des Shoguns. Les laques, les costumes, les jeux moins cérémonieux que les armures exposées dans les pièces de réception, sont autant de touches raffinées qui nous permettent de comprendre comment une civilisation guerrière a pu, un jour, créer un art de vivre. Un art de vivre que l'on retrouve dans l'Aïkido.
D. MORI


Merci encore à la Fédération Française d'Aikido, Aikibudo et Affinitaires, à toute la rédaction d'Aikido Magazine, et particulièrement àD.Mori, l'auteur, pour leurs autorisations à reprendre cet article .
Merci enfin à Frédérick pour son aide à la saisie de ce texte.

Retour au Salon
Retour aux Archives d'Aikido Magazine