Les iconoclastes
du tatami

La pratique de l'aïkido n'est pas concevable que dans le respect de l'étiquette ». introduisait P. Usoski dans son texte paru dans AIKIDO MAGAZINE n°6, avant de nous rappeler quelques règles. En voici l'essentiel.


Le salut : indispensable préliminaire.

(...)Le salut, le respect strict des règles de conduite sur les tatamis n'a pas pour objet de brider la liberté du pratiquant ni de l'obliger à s'insérer dans des obligations féodales dépassées. Ces gestes et ces attitudes que les pratiquants de longue date ont intégrés naturellement n'ont pour but que de permettre une pratique plus fructueuse.

Lorsque cent ou cent cinquante aïkidoka s'entraînent sur une aire de 300 mètre2, il est nécessaire que chacun puisse appliquer un code de conduite commun qui permette la poursuite harmonieuse de l'entraînement, la sécurité de chacun, le maintien d'une ambiance propice à la progression.

Le silence est un élément capital à la poursuite d'une pratique harmonieuse. Si chaque pratiquant se met à discuter avec son voisin, on peut imaginer le vacarme.

Après la démonstration d'une nouvelle technique, il convient d'inviter le partenaire le plus proche. Un stage n'est pas une foire au mariage et c'est un manque de respect évident que d'éviter son voisin pour aller chercher au bout de la salle le partenaire de son choix.

Une fois monté sur le tapis, seul un accident, un malaise ou une circonstance exceptionnelle motivent la sortie après avoir demandé l'autorisation du directeur de stage.

Chacun peut travailler selon ses capacités et ralentir son rythme en essayant de ne pas s'arrêter. S'il est vraiment nécessaire de s'arrêter, il convient de s'asseoir en position seiza ou à la limite en tailleur dans un coin du tapis. Sortir pour aller boire ou pire pour dire bonjour à un ami spectateur n'est pas une attitude correcte.

Il appartient aux débutants d'imiter les plus anciens, car c'est eux qui bénéficient le plus de cet échange.

Un stage à lui seul ne permet pas une progression technique appréciable. Les anciens doivent veiller à ne pas systématiquement travailler entre eux et d'éviter comme des pestiférés les ceintures blanches.

Après la démonstration d'une technique, il est pour le moins irrespectueux vis-à-vis de l'expert de faire tout autre chose.

«La pratique se pratique»; il n'est pas vraiment nécessaire de faire une conférence à son partenaire sur la manière d'effectuer un mouvement. A la limite quelques mots suffisent pour permettre à un débutant une approche de la technique à travailler.

Lorsque le directeur de stage vient démontrer un mouvement dans un coin du dojo, il est poli de lui laisser suffisamment de place pour sa démonstration sans que pour autant tout le monde s'arrête. Ceux qui préfèrent s'arrêter pour regarder le feront dans une position seiza ou avec un genou à terre. La position debout, les bras croisés est non seulement incongrue d'un point de vue martialmais également peu propice à une bonne concentration.

Un keikogi propre est une marque de respect envers soi même, son partenaire et envers l'expert qui dirige le stage.

S'il on désire prendre des photos, il ne faut pas monter sur le tapis et ne pas mettre son keikogi. Comment concevoir qu'on abandonne son partenaire pour sortir du tapis afin d'avoir un souvenir du stage !

P. Usoski
Extrait d'
AIKIDO MAGAZINE n°6
juillet, août, septembre 1986

Rajoutons peut être que photos et de vidéos ne peuvent en aucun cas être réalisées sans les autorisations du "Maître" de séance ainsi que des organisateurs...


S
Etiquette sur le tatami

Dans son livre «Aïkido, Nature
et Harmonie», Maître Saotome consacre un chapitre, en 22 règles, sur l'étiquette à respecter. Il nous a paru intéressant de le reproduire ci-dessous. Chacun pourra s'en inspirer.

1 - En montant sur le tapis et en le quittant, vous devez saluer.

2 - Saluez toujours en direction du Shomen et du portrait du fondateur.

3 - Respectez vos instruments de travail. Le Gi (tenue d'entraînement) doit être propre et en bon état, les armes rangées lorsqu'elles ne sont pas utilisées.

4 - Ne vous servez jamais d'un Gi ou d'armes qui ne vous appartiennent pas.

5 - Quelques minutes avant l'entraînement, vous devriez être échauffé, assis en seiza, tous sur une même ligne, et dans une posture de méditation. Ces quelques minutes permettent à votre esprit de faire le vide, de se débarrasser des problèmes de la journée, et préparent à l'étude.

6 - Le cours commence et se termine par une cérémonie formelle. Il est essentiel d'être à l'heure pour y participer mais si vous arrivez en retard, vous devez attendre assis à côté du tapis jusqu'à ce que le sensei vous fasse signe de vous joindre au cours. Saluez-le à genoux en montant sur le tapis. Veillez aussi à ne pas perturber le cours.

7- La façon correcte de s'asseoir sur le tapis est la position en seiza. Mais si vous êtes blessé au genou, vous pouvez vous asseoir en tailleur. N'allongez jamais les jambes et ne vous adossez pas au mur ou à un poteau. Vous devez être disponible à chaque instant.

8 - Ne quittez pas le tapis pendant l'entraînement sauf en cas de blessure ou de malaise.

9 - Quand le sensei montre une technique, vous devez rester assis en seiza et regarder attentivement. Après la démonstration, saluez le maître puis saluez un partenaire et commencez à travailler.

10 - Dès que la fin d'une technique est annoncé, arrêtez immédiatement votre mouvement, saluez votre partenaire et rejoignez les autres pratiquants assis en ligne.

11 - Ne restez jamais debout sur le tapis sans travailler. S'il le faut, restez en seiza en attendant votre tour.

12 - Si pour une raison ou pour une autre vous devez absolument poser une question au sensei allez vers lui - ne l'appelez jamais : saluez-le avec respect et attendez qu'il soit disponible. (Un salut debout suffit dans ce cas).

13 - Quand le maître vous montre un mouvement en particulier pendant le cours, mettez-vous à genoux et regardez attentivement. Saluez-le lorsqu'il a terminé. Quand il corrige un autre pratiquant, vous pouvez vous arrêter de travailler pour regarder. Asseyez-vous en seiza et saluez de même.

14 - Respectez les pratiquants les plus gradés. Ne discutez jamais à propos de technique.

15 - Vous êtes là pour travailler, non pour imposer vos idées aux autres.

16 - Si vous connaissez le mouvement et que vous travaillez avec quelqu'un qui ne le connaît pas, vous pouvez le guider. Mais n'essayez pas de corriger votre partenaire si vous n'avez pas le niveau yudansha (ceinture noire).

17 - Parlez le moins possible sur le tapis. L'Aïkido est expérience.

18 - Ne vous prélassez pas sur le tapis avant ou après les cours. Il est réservé à ceux qui désirent s'entraîner.

19 - Le tapis devrait être balayé chaque jour avant les cours et en fin de journée. Chacun est responsable de la propreté du dojo.

20 - Il est interdit de manger, de boire, de fumer, de mastiquer du chewing-gum sur le tapis et en dehors pendant l'entraînement, ni sur le tapis à n'importe quel moment.

21 - Le port de bijoux est déconseillé pendant l'entraînement.

22 - N'absorbez jamais de boissons alcoolisées lorsque vous n'avez pas encore quitté votre tenue.




AIKIDO, NATURE ET HARMONIE
de Mitsugi Saotome
paru en français aux éditions Sedirep
épuisé à ce jour
disponible en anglais


Merci encore à la Fédération Française d'Aikido, Aikibudo et Affinitaires, à toute la rédaction d'Aikido Magazine, et particulièrement à Maître Saotome et P.Usoski, les auteurs, pour leurs autorisations à reprendre ces textes .

Merci enfin à Marc pour son aide à la saisie de ces articles.




AIKIDO MAGAZINE n°6, juillet, aout,
septembre 1985
édité par l'AIA (Association de l'Information de l'Aikido)
Dépot légal :
3ème trimestre 1985

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