A l'occasion de ma formation au tronc commun, effectuée auprès de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports du Val d'Oise, en contrôle continu des connaissances, j'ai été amené à rédiger "ma" carte d'identité de la discipline. Je vous la livre ici "brute de coffrage".
Notez qu'elle n'est pas exhaustive. Bien que "scolaire", elle représente ma vision de l'Aikido, et plus encore, ce qui m'incite à poursuivre le chemin.

  1. L'Aikido
    Sa famille :
    Art martial originaire du Japon

Sa logique interne :
L'Aïkido est construit sur l'idée forte de proposer une méthode de défense prétendant assurer sa survie tout en épargnant son adversaire.
Cette discipline martiale est donc basée sur l'utilisation appropriée de projections, de clefs et d'immobilisations, afin d'entrevoir une solution pacifique au conflit.

Ses fondamentaux
Sa technique :
Le travail à « mains-nues » en Aikido, appelé aussi tai-jutsu, est abordé à l'entraînement par une méthode globale ou de façon analytique. On étudie de la sorte les principes fondamentaux, les angles d'«attaque» ainsi qu'une multitude de détails propre aux exigences du combat et aux lois de la physique.
Après cette approche, parfois laborieuse, mais qui s'effectue sans contrainte avec un partenaire, intervient le travail «en sensation», combinant enchaînements et contre-attaques. Face, cette fois, à un "partenaire-adversaire", la difficulté d'intercepter une ou plusieurs attaques doit être considérée sans tarder si l'on souhaite compléter sa formation. Ignorer ces paramètres caractéristiques du combat engendrerait à coup sûr des incohérences dans sa pratique.

Les déplacements à partir de la position à genoux développent l'usage des hanches, source entre autre de la puissance du corps. Cependant, bien que le suwari wasa fasse partie intégrante de l'Aikido, il est prudent de ménager ses articulations, tout abus exposant des sanctions irréversibles. La morphologie des japonais demeurant plus adaptée à cette pratique.

De la même manière, les armes tiennent une place essentielle dans l'appréciation de l'Aikido. Bokken, Shoto, Jo, Bo (sabres en bois et bâtons) sont exploités avant tout en tant qu'outils pédagogiques, accordant des analogies pertinentes avec le travail à mains nues. Il existe ainsi de nombreuses formes, appelées Kumi-tachi, kumi-jo, Kumi-iai ; des «échanges» aux bâtons ou aux sabres de bois.


Une séance type :
Une séance d'Aikido dure environ 1 heure et demi. Elle peut se dérouler de façon diverse, toutefois, il y a moyen d'évoquer la trame d'une séance type :

Un quart d'heure d'échauffement, de mise en condition, contenant stretchings souples et chutes roulées, est fortement recommandé. Un échauffement spécifique lié au contenu technique du cours s'impose alors.
Manipulations et échanges aux armes offrent des analogies pertinentes pour l'approche du travail à mains nues. Il en découle des contextes d'agression incluant, en fonction du niveau des pratiquants et selon les incertitudes qu'offre le combat, diverses attaques, enchaînements de parades ou contre-attaques.
Un «Randori», petit combat contre plusieurs adversaires, achève la séance. Le but, ici, n'étant pas de «finir» ses adversaires, mais plutôt de chercher à se sortir de cette situation embarrassante. Suit un retour au calme sous forme d'étirements, de recherche technique à genoux, ou encore de la relaxation.

Compétition ?
En règle générale, en Aikido, la compétition est jugée trop dangereuse. Mais surtout, elle est en contradiction, avec l'esprit que véhicule cette discipline. En Aikido, il n'y a pas de perdant - ni de gagnant d'ailleurs - les protagonistes doivent se retrouver sur un point d'égalité. Le message restant, «Comment faire sa place dans la société sans écraser son prochain?»

Apports de la technique
Une reproduction fidèle de la technique demande et développe des qualités d'observation, d'analyse, de coordination, de maîtrise de ses déplacements dans l'espace, du self-contrôle. D'autant que le pratiquant est amené à évoluer à partir d'une garde à droite aussi bien que d'une garde à gauche.
Le travail des armes exige non moins ces qualités. Outre l'apparition de nouvelles difficultés de motricité, ce travail avec « engins » accroît davantage la prise de conscience des risques pour autrui autant que pour soi-même.

Lors des échauffements, bien sûr, mais également tout au long de la pratique, l'ensemble des articulations est sollicité, opèrant peu à peu assouplissements et renforcements.

Souplesse et sensation sont exigées dés la prise de contact avec l'adversaire, dans le but de « questionner », ressentir et renverser les forces opposés à notre avantage. Des exercices de « mains collantes », très répandus dans de nombreux arts martiaux, permettent de développer la sensibilité des récepteurs de la peau.

Un des grands principes de l'Aikido est d'entraîner son adversaire dans une spirale machiavélique, ne lui laissant aucune possibilité de retour. L'interception s'opère le plus fréquemment en absorption et s'accompagne d'une accélération constante.
L'affrontement contre plusieurs adversaires, le «Randori», demande une motricité et des accélérations conformes aux situations.
L'exécution technique comporte donc de nombreuses fluctuations qui améliorent, dans un même temps, le rendement respiratoire et le renforcement musculaire.

A un stade plus avancé, le Ju wasa, l'aikidoka combine avec adresse et sensation des enchaînements qui réclament une maîtrise de ses automatismes. cette capacité d'analyse engendre, parfois même, une certaine créativité.

Enfin, l'Aikido, comme tout art martial, valorise l'image du pratiquant, lui apportant sérénité, maîtrise et conscience des agréments à vivre en paix.

Son public
L'Aikido, mot pour mot, la voie de l'harmonie, est une discipline qui s'adresse à tous les publics. Sa pratique ne requière aucune qualité acrobatique ni sportive exceptionnelle, le travail en force étant du reste à proscrire. Son contenu est si riche que chacun y puise son équilibre. La pratique martiale ne pouvant représenter qu'un prétexte, une voie possible pour l'élévation de son être. Aussi, quelles que soient les aptitudes du pratiquant, il y trouvera toujours son compte, dans la progression ou dans les bienfaits de cette pratique physique sur son esprit et dans son quotidien.
Il est malgré tout judicieux d'adapter l'Aikido pour les enfants. L'apport d'une préparations aux échanges pieds/poings, ou encore, aux projections peut compenser aisément un travail de clefs moins intensif. Des Des techniques qui s'intègrent, bien entendu, à l'Aikido, trop souvent négligées.

Son lieu d'entraînement et ses rituels :
L'entraînement se déroule dans un dojo (salle couverte, munie de tapis au sol et de protections murales).
Les pratiquants se doivent de respecter certains rituels. Ainsi, chacun s'appliquera à saluer la salle, avant et après une séance, l'image du maître fondateur, Morihei Ueshiba, sur le pan d'un mur, sous forme d'hommage, le professeur, ainsi que tous nos partenaires, en signe de gratitude pour ce partage de l'entraînement.
La pratique s'effectue habillé d'un kimono blanc, et bien qu'il existe des niveaux intermédiaires (5 kyu), on ne porte pas de ceinture de couleur avant la «noire».
Le Hakama, autre accoutrement spécifique de l'aikidoka, Jadis réservé aux nobles, en l'occurrence aux samouraï, se porte, la plupart du temps en France, à partir du 2ème ou 3ème kyu, en partie à cause de son coût. A savoir que Morihei Ueshiba, lui, exigeait le Hakama dés la ceinture blanche.
Pour les mêmes raisons, qu'aujourd'hui, nous revêtons un costume-cravate pour nous rendre à une cérémonie, O Senseï considérait que cette parure était une marque de respect envers lui et son enseignement.

Ses grades 
Jusqu'au 1er Kyu, équivalent de la ceinture marron, les "examens" s'effectuent au sein du dojo. Les professeurs étant habilités à délivrer ces niveaux. Sous forme de démonstrations de connaissances et de maîtrises techniques, ils suivent un programme préétabli.
La ceinture noire s'obtient devant un jury d'experts régional. Jusqu'au 4ème dan, les passages de grade s'effectuent de la sorte, avec des exigences de plus en plus pointues, il va de soi.
Pour les grades supérieurs, ceux-ci sont octroyés à titre honorifique. C'est ainsi qu'un 4ème dan est considéré comme un expert, et que par conséquent, il ne sera plus, en aucun cas, jugé sur sa pratique.

Son histoire 
Le Budo, la voie du guerrier, englobait un travail aux armes, à mains nues, mais aussi, bien d'autres formes d'expressions artistiques telles que l'Ikebana, la poésie ou encore l'art du thé. Il est plus connu aujourd'hui pour sa branche martiale, le Ju jutsu
Au même titre que Jigoro KANO, le fondateur du Judo, Morihei UESHIBA ,dit O-Sensei ( le grand maître), 1883/1969, a été un des illustres héritiers des Samouraï. Avec succès, Il a, lui aussi, perpétuer la technique très élaborée de ces guerriers hors pairs. En l'adaptant à notre époque moderne, il a élaboré un outil d'élévation de l'être humain, non pas d'un point de vue sauvagement martial, mais au contraire, visant à rendre les pratiquants plus civilisés encore.
Sokaku Takeda, un des derniers samouraï du clan Takeda-ryu, fut le plus important des maîtres initiateurs de Morihei ueshiba. C'est à partir, entre autre, du Jujutsu Takeda ryu, qu'O sensei créa sa méthode originale. Basée sur des techniques de projections et d'immobilisations, ce nouvel art martial se révéla révolutionnaire, préservant l'intégrité de l'adversaire par le biais d'une réponse en souplesse.

Une conception du combat qui peut paraître utopique pour un véritable guerrier. Il n'empêche que cette pratique a la vertu d'entretenir chez le pratiquant un état d'esprit, lui permettant d'envisager la résolution de ses problèmes au quotidien sous un angle plus favorable, avec calme et discernement.

Morihei UESHIBA a eu entre 193O et 1969 de nombreux adeptes. Mais, surtout, il a permis, comme le voulait la tradition japonaise d'alors, d'avoir à ses côtés des uchi-deshi, élèves en pension permanente. Aujourd'hui encore, plusieurs de ces disciples sont les derniers grands témoins de la pratique et de la philosophie de cet homme exceptionnel.

Mitsugi Saotome Sensei appartient à ces privilégiés.

Disparu malheureusement aujourd'hui, Seigo Yamaguchi Sensei fut lui-aussi un autre grand maître qui a marqué fortement la pratique de l'Aikido.

L'avenir de l'Aikido :
Shihan Mitsugi Saotome Sensei, 8ème Dan, demeure un des principaux disciples de Morihei UESHIBA. Connu et reconnu dans le monde entier comme étant un technicien exceptionnel, il n'en reste pas moins un grand dignitaire de la philosophie associée à la pratique. Lors de ces nombreux séminaires aux Etats Unis, mais aussi en France, il s'évertue à mettre en relief l'harmonie et la résolution pacifique du conflit. Il partage et prône le bénéfice de l'Aikido dans notre quotidien.
Outre sa qualité de grand Maître international, il dirige et enseigne dans son dojo de Washington D.C. et dans son université de Floride (USA). Il est le fondateur de l'«Aïkido School of Ueshiba» (ASU) qui regroupe de nombreux dojos aux Etats Unis.
Auteur de nombreux documents vidéos, il a publié deux livres : « Nature et Harmonie » et « Les Principes de l'Aïkido », disponibles en Français.

On peut compter parmi ses plus prestigieux disciples, Hiroshi IKEDA Senseï, 7ème Dan, fameux technicien lui-aussi, et digne héritier de l'esprit du Senseï.

L'Aikido en France :
En France, nous avons la chance d'avoir régulièrement la visite de grands maîtres, disciples directs du fondateur. Ceux-ci se font un plaisir, lors de divers séminaires, de partager leurs expériences dans cet art. Nous pouvons aussi nous féliciter d'avoir quelques-uns des plus grands experts européens en Aikido dans notre pays, Christian Tissier, Franck Noël et bien d'autres encore.

Deux fédérations se partagent la majorité des aikidoka dans notre pays : la  Fédération Française d'Aikido, d'Aikibudo et Affinitaires (FFAAA) ainsi que la Fédération Française d'Aikido et de Budo (FFAB). Celles-ci étant amenées, à plus ou moins long terme, à fusionner. Aujourd'hui, déjà, elles valident en commun les niveaux des pratiquants à partir de la ceinture noire 1er Dan (premier niveau d'expérience)



O Sensei
Morihei UESHIBA
(1883/1969) 
Fondateur de l'Aikido